« La convergence actuelle de plusieurs crises a mis à nu les problèmes structurels qui affectent l’agriculture et les systèmes alimentaires. De nombreux pays africains doivent trouver des solutions maintenant pour éviter des conséquences encore plus graves », tels sont les propos du Président du FIDA, Alvaro Lario, lors de la signature d’une lettre d’intention entre la Banque Africaine de Développement (BAD) et le Fonds International de Développement Agricole (FIDA).
La cérémonie de signature est intervenue, ce 27 janvier à Dakar en marge des travaux du sommet de Dakar sur la sécurité alimentaire. Cette lettre d’intention vise à soutenir la Mission panafricaine 1 pour 200 (M1-200), une initiative conjointe qui a pour objectif de réduire la dépendance du continent aux importations alimentaires et construire des systèmes alimentaires durables, inclusifs et adaptés au climat. Ce nouveau programme vise ainsi à trouver de nouveaux partenaires d’investissement et ces sources de financement dont l’Afrique a tant besoin, selon les signataires.
En effet, la Mission 1 pour 200 s’appuie sur la stratégie phare de la BAD, Nourrir l’Afrique, et vient compléter les programmes de base du FIDA, notamment son portefeuille d’investissements dans les domaines de la transformation rurale inclusive, du développement agricole, de la nutrition et de la sécurité alimentaire, et de l’adaptation aux changements climatiques, qui visent tous à aider les petits exploitants, qui sont la pierre angulaire de la transformation des systèmes alimentaires.
L’ accord ainsi signé vient renforcer le précédent engagement qu’ont pris le FIDA et la BAD de stimuler la production agricole, en doublant les niveaux de productivité grâce au développement des technologies agricoles existantes, à des investissements favorisant l’accès aux marchés et à une impulsion donnée à la recherche et au développement agricoles.
Cette initiative qui, in fine, entend nourrir le continent de manière durable, vient dans un contexte où lescoups portés à la sécurité alimentaire de millions d’Africaines et d’Africains par la hausse des prix des denrées alimentaires et des carburants sont encore aggravés par la menace d’une crise de la dette dans certains pays.
Il faut souligner qu’en En Afrique, le prix élevé des engrais demeure un obstacle important à la production alimentaire dans de nombreux pays à faible revenu. Les approvisionnements alimentaires devraient par ailleurs être affectés par une limitation des importations de céréales due à la guerre en Ukraine, par les chocs climatiques et les sécheresses incessantes dans certains pays.
Depuis 2020, le coût du panier de consommation alimentaire typique a augmenté de 8,5% en Afrique, d’après les données du Fonds monétaire international. Et à présent, les taux d’intérêt élevés associés à une dépréciation de la monnaie aggravent la dette de nombreux pays à faible revenu. Environ 60% d’entre eux présentent un risque élevé ou sont déjà en situation de surendettement, ce qui expose les pays à un défaut de paiement au cœur d’une crise alimentaire historique.
A en croire le Président du FIDA, les projections montrent que le secteur agro-alimentaire en Afrique pourrait générer 1 000 milliards de dollars d’ici 2030 et offre de solides perspectives aux investisseurs.