Présent dans presque toutes les régions du pays, l’élevage du porc prend de plus en plus de l’ampleur et enrôle différentes couches de la population togolaise. A en croire certains spécialistes, l’élevage du porc demeure une activité qui occupe depuis longtemps les populations aussi bien en milieu rural que péri urbain. Il intervient ainsi de manière multiforme dans la vie social, économique, culturel, cultuel, etc…
« Dans les milieux ruraux, on l’appelle la banque sur pied, c’est – dire que dès qu’un problème survient, c’est le port qui répond puisque son prix de vente est meilleur au prix des volailles. Aussi pendant la rentrée scolaire, c’est le porc qu’on vend pour faire face aux frais et aux fournitures scolaires. Par ailleurs, en période de de fêtes, c’est le porc qui est plus vendu en milieu rural », précise, Dr Ganyo Somenutse, ingénieur zootechnicien. Une étude menée par ce dernier, démontre que l’élevage de type traditionnel qui fait usage de porc local est plus prisé au Togo à cause de multiples avantages tels que sa grande aptitude à résister aux maladies, à supporter les conditions difficiles ainsi que son adaptation à l’environnement. Il est aussi noté la bonne résistance du porc local à la chaleur et à l’insolation. La grande tolérance aux irrégularités alimentaires et la maturité sexuelle souvent précoce sont entre autres atouts qui vont à l’avantage des éleveurs.
Nonobstant cet engouement pour l’élevage du porc, cette filière est menacée par la Peste Porcine Africaine (PPA). Cette maladie est considérée comme endémique dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne. Le Togo a signalé son premier foyer en 1997 et depuis lors, la maladie persiste activement dans le pays.
Devant cette situation, le Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et du Développement Rural (MAEDR) a sollicité une assistance de la FAO. C’est ainsi que le projet TCP/TOG/3802 a été élaboré et financé par la FAO afin de contribuer au renforcement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle de la population et à l’accroissement de la résilience grâce à une production porcine plus responsable et plus rentable. In fine, il est attendu la réduction de la prévalence et de l’impact de la PPA et l’amélioration des performances des chaînes de valeur porcines.
L’appui de l’organisation des Nations Unies en charge de l’agriculture et de l’alimentation a permis de mettre en place une stratégie pour mieux comprendre les facteurs épidémiologiques de la PPA au Togo en vue de pouvoir engagé un plan de lutte à cet effet. Un plan d’action a été élaboré en ce sens pour accroître la résilience des moyens d’existence aux menaces et aux crises. Ce plan d’action qui est axé sur la gestion durable des élevages de porcs et gestion des foyers de la PPA est décliné en plusieurs activités dont la formation des agents de terrain des services d’élevage et des postes vétérinaires sur la gestion des foyers de PPA ; la formation et la sensibilisation des éleveurs des 6 régions du Togo et particulièrement des cantons et localités touchées par la PPA sur les mesures de biosécurité. Des missions de surveillance et investigation dans les zones d’infection pendant la période de vide sanitaire par les agents de terrain et d’investigation du laboratoire et de l’unité d’épidémiologie sont également inscrites dans ledit plan d’action.
‘’ Faire l’état des lieux de la production porcine, c’est mieux examiner la filière et faire un inventaire des politiques qui l’influencent. Les acteurs vont s’impliquer dans ce projet, qui servira de document de référence et de guide, dans lequel tout acteur de la filière porcine peut s’inspirer, et se retrouver afin de mieux s’organiser et contribuer au développement harmonieux du pays.’’ a souligné Djiwa Oyétounde, Chargé de programme au bureau de la FAO au Togo lors d’un l’Atelier technique de validation des documents sur l’élevage porcin dans le contexte de la peste porcine africaine (PPA).
Une étude menée par Dr Ganyo Somenutse, ingénieur zootechnicien, révèle que 41% des éleveurs n’ont aucune information sur la Peste Porcine Africaine ni son existence, alors que 59 % reconnaissent l’existence et les manifestations de la PPA grâce aux Agents vétérinaires, aux Médias, aux ONG, etc.
Le consultant soutient d’ailleurs que 27,8% des éleveurs enquêtés font eux-mêmes les traitements des animaux tandis que 37,4% font appel à un vétérinaire.
En termes de suggestions d’actions à mener pour un véritable envol de cette filière, Dr Ganyo Somenutse propose un encadrement soutenu aux éleveurs pour la professionnalisation des acteurs.
Il préconise également un renforcement des mesures de biosécurité dans le maillon des Commerçants et la mise en place des dispositions fortes à travers des unités ou structures de transformation respectant les normes et réglementation pour une émergences des PME spécifiques. Enfin, le consultant met l’accent sur l’importance de la mise en application des conditions souples mais rigoureuses pour un accès au système financier décentralisé (SFD), gage d’une promotion de l’élevage porcin.
Il convient de souligner que depuis 2009, de nouveaux foyers de PPA sont signalés chaque année au Togo. En juin 2019, le pays a enregistré la vague la plus importante avec 31 foyers. 1000 cas ont été notifiés et 600 têtes ont été détruits par les services vétérinaires.
Giovanni Sousso
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