Alors que les crises et les perturbations que connaissent aujourd’hui les systèmes alimentaires mettent au jour la dépendance de la plupart des pays africains à l’égard des importations de denrées alimentaires, il est devenu crucial de transformer le secteur agricole pour sortir les populations rurales vulnérables de la pauvreté et de la faim, selon l’Initiative de transformation de l’agriculture en Afrique.
Dotée d’un budget de 19,6 millions d’USD pour la période allant jusqu’à 2025, l’ITAA a pour objet d’améliorer le développement durable en Afrique en comblant le fossé qui sépare la formulation d’initiatives agricoles stratégiques de leur mise en œuvre réussie au niveau local.
Accélérer et renforcer une telle mise en œuvre aura un impact prononcé sur l’amélioration de la sécurité alimentaire, sur la réduction de la pauvreté rurale et sur l’aide fournie aux petits exploitants agricoles pour s’adapter aux changements climatiques.
« Étant donné l’importance de l’économie rurale en Afrique subsaharienne et ses immenses possibilités, nous sommes convaincus que la transformation agricole inclusive est le moyen le plus efficace de promouvoir le développement durable », a déclaré Safia Boly, Directrice exécutive de l’ITAA. « L’ITAA fournira une aide au moyen de stratégies adaptées qui permettront à terme aux populations concernées de réaliser pleinement leur potentiel agricole », a ajouté Mme Boly.
Cette initiative nouvelle est lancée à un moment où les tendances inquiétantes des spirales de la pauvreté et de la faim effacent des années de progrès continu. L’Afrique reste la région du monde où la prévalence de la faim est la plus élevée (20 %), avec un total de 278 millions de personnes touchées par la faim en 2021, selon le rapport le plus récent des Nations Unies intitulé État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde.
Les répercussions du conflit en Ukraine aggravent la crise à laquelle de nombreux pays africains sont déjà confrontés conséquence de la pandémie de COVID-19, de chocs météorologiques dus aux changements climatiques et de conflits.
Cette véritable tempête ne laisse à de nombreux pays africains qu’une marge d’action budgétaire restreinte pour augmenter leurs dépenses de développement, ce qui a de lourdes conséquences pour le secteur agricole. Les populations rurales pauvres sont les plus touchées puisqu’elles consacrent déjà jusqu’à 70 % de leurs revenus à l’achat de nourriture et, de ce fait, ne peuvent faire face aux hausses de prix.
Partenariats et apprentissage mutuel
L’ITAA lance actuellement la première phase de l’initiative dont l’objectif est d’accélérer la mise en œuvre de changements efficaces et durables dans les systèmes alimentaires de quatre pays (Ghana, Kenya, Malawi et Sénégal), tout en tenant compte de leurs besoins, priorités et infrastructures existantes.
L’initiative diffusera ensuite les enseignements tirés, étendra l’aide à d’autres pays africains et collaborera avec d’autres partenaires en exploitant au mieux les connaissances provenant des principales parties prenantes.
L’ITAA met à profit l’expérience acquise par plusieurs pays africains ces dernières années, et notamment leurs organismes nationaux de transformation, et réunit les gouvernements, le secteur privé et la société civile afin de surmonter les principaux défis posés et de chercher à reproduire les solutions efficaces pour transformer l’agriculture.
« La coopération entre les parties prenantes est essentielle pour transformer leur secteur agricole. Elles peuvent partager leurs expériences et apprendre les unes des autres pour surmonter des défis analogues. Les partenariats sont un élément clé de cette initiative », a déclaré la Directrice exécutive de l’ITAA. « L’ITAA est heureuse de s’engager avec les pays et les partenaires intéressés par la transformation de l’agriculture », a-t-elle ajouté.
Cette initiative est née de l’étroite collaboration entre l’AGRA, la Fondation Bill & Melinda Gates, le Fonds international des Nations Unies pour le développement agricole (FIDA) et McKinsey & Company, société mondiale de conseil en gestion qui fournit une aide à titre gracieux. Le bureau central de l’ITAA sera hébergé par le FIDA.
La Fondation Bill & Melinda Gates BMGF participe à hauteur de 10 millions d’USD, la contribution du FIDA s’élevant à 2 millions d’USD. Le reste sera assuré par d’autres donateurs.
Déclarations de partenaires
« McKinsey est fier de participer à l’Initiative en fournissant des conseils à titre gracieux. Nous avons une occasion unique et le devoir d’utiliser notre expertise, nos connaissances et notre potentiel pour aider les pays africains à mener à bien leurs transformations agricoles inclusives et durables », déclare Acha Leke, associé principal et Président de McKinsey & Company pour la région Afrique.
« Les petits producteurs et les petites et moyennes entreprises agroalimentaires sont les piliers de l’agriculture et des systèmes alimentaires africains. La transformation de l’agriculture suppose par conséquent l’autonomisation de ces acteurs au moyen de politiques, d’investissements, de technologies et de connaissances. Il s’agit non seulement d’accroître la production alimentaire, mais aussi d’assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle, d’améliorer la résilience climatique et de créer des emplois décents pour des millions de jeunes africaines et africains. L’ITAA représente pour le FIDA un outil nouveau et important pour œuvrer à la réalisation de ces objectifs ambitieux avec les gouvernements africains et d’autres partenaires », a déclaré Donal Brown, Vice-Président adjoint du Département de la gestion des programmes du FIDA.
Saluant cette initiative, Mme Agnes Kalibata, Présidente de l’AGRA, a déclaré : « Malgré les progrès que nous avons accomplis, de nombreux pays n’ont toujours pas réalisé les percées nécessaires pour que l’Afrique saisisse sa chance de se développer et de prospérer. Alors que les effets des changements climatiques sur l’agriculture africaine se font de plus en plus sentir, nous devons doubler les investissements. L’ITAA apportera aux gouvernements africains l’aide dont ils ont tant besoin, notamment pour créer les conditions permettant d’attirer les investissements indispensables du secteur privé. »
FIDA