Les acteurs membres de la Fédération Nationale des Professionnels de la Filière Bétail-viande du Togo (FENAPFIBVTO) ont été renforcés et ont mis en place depuis 2015, une stratégie de mobilisation interne des ressources. Pour mieux comprendre les actions que mènent cette Fédération, nos confrères du Journal Agricole ont eu un entretien avec M. Alassane ALIDOU, Président de la FENAPFIBVTO. Ce dernier nous rassure de la bonne santé de cette filière au Togo malgré les coups de la COVID-19. El Hadj, ALIDOU met également l’accent sur l’apport de la filière bétail-viande dans la richesse du pays et l’employabilité des jeunes à l’heure de la mise en œuvre du Plan National du Développement tout en insistant sur les initiatives engagées pour la relance de l’élevage au Togo.
Monsieur le Président, comment se porte la filière bétail-viande au Togo ?
Alassane ALIDOU : Au Togo, la filière bétail-viande se porte très bien surtout après les moments les plus difficiles pour cause de COVID-19, je crois que les choses commencent par se redresser. Je peux même dire que la situation est vraiment redressée dans la filière bétail-viande. Actuellement tout marche à merveille.
Monsieur le Président, certaines études montrent que la production animale au Togo s’est accrue ces dernières années avec un taux de croissance moyen annuel de 1% pour les bovins, 6% pour les ovins, 8% pour les caprin. Pourtant, le pays demeure encore en déficit carné. Comment expliquez-vous cette situation ?
Alassane ALIDOU : cette progression est réelle, il faut reconnaitre qu’il y a beaucoup de togolais qui s’intéressent aujourd’hui à la filière, c’est donc un aspect très important. Il faut souligner également que les agriculteurs s’intéressent aussi beaucoup à l’élevage parce qu’ils ont compris que dans des moments les plus difficiles, c’est l’élevage qui peut être une des solutions. C’est un constat réel sur le terrain. Notons également que le développement du Togo est remarquable aujourd’hui et beaucoup de Togolais consomment les produits carnés, c’est ça même qui explique les choses parce que le niveau de la population a beaucoup augmenté et les gens consomment énormément les produits carnés, c’est ce qui fait d’ailleurs qu’on constate qu’il y a un déficit. Mais tel que c’était dans les années 80-90 ou 2000, ce n’est plus la même chose on est aujourd’hui à 40 voire 45% des animaux présentés sur nos marchés en termes de gros bétail. Il y a donc une progression significative du côté des producteurs togolais. Je vous promets que dans quelques années, ce sera l’équilibre. Les choses avancent très sérieusement avec beaucoup d’actions faites par l’Etat togolais. Avec beaucoup de facilités que nous avons aujourd’hui, les choses progressent sérieusement.
Aujourd’hui, le monde entier est confronté à la pandémie sanitaire du coronavirus. La filière bétail-viande est-elle affectée par cette crise ?
Alassane ALIDOU : Bien évidemment ! au début, avec toutes les mesures que le gouvernement avait prises pour protéger la population, nos acteurs ont été sérieusement affectés parce que pour se déplacer d’un point A à un point B pour trouver le transport et faire déplacer les animaux vers les marchés, c’était un problème. Pour que les acteurs viennent dans les marchés, c’était également un problème. Toutes ces mesures ont bien évidemment affecté la filière mais actuellement, la situation est en train de s’améliorer. D’ailleurs, quand on n’arrive pas à se déplacer, on a des problèmes de survie !
Avez-vous engagé des actions de riposte en faveur des éleveurs ?
Alassane ALIDOU : Bien sûr, il y a eu beaucoup de choses. Nous avons d’abord commencé par la sensibilisation parce que la filière est en grande partie composée d’analphabètes, on est donc obligé de mener des actions de sensibilisation sur le terrain, sur les médias, sur les réseaux sociaux. Il faut noter que ces sensibilisations se font toujours en langues locales. Nous avons en ce sens distribuer aux acteurs de la filière des kits de protection (dispositifs de lavage de mains, gels hydrologique, cache-nez…) On a vraiment fait beaucoup de choses pour que les acteurs comprennent le danger qu’est le COVID-19. Nous avons dans notre plan d’action, d’autres programmes à cet effet afin sensibiliser davantage nos populations sur la pandémie sanitaire qui sévit et décime toutes les couches.
Dans le cadre de la mise en œuvre du Programme National de Développement (PND), quelle peut être la contribution de la filière bétail-viande à l’employabilité des jeunes ?
Alassane ALIDOU : Je peux vous confirmer que la filière bétail-viande est la filière qui emploie plus de jeunes. Pour aller faire le pâturage il faut un jeune ; pour attraper les animaux et les charger, ce sont les jeunes qui s’en occupent ; pour conduire les animaux vers des destinations précises, c’est également l’affaire des jeunes. C’est une filière qui regorge plus de jeunes. Je peux vous dire que les jeunes sont à 70 voire 80% dans la filière bétail et viande. Il faut être jeune pour pouvoir abattre les animaux et commercialiser la viande. En toute franchise, on fait cette promotion. Il faut reconnaitre que nous avons fait également beaucoup de formation à l’endroit de ces jeunes dans la filière : la formation sur les découpes, la formation en embouche, l’hygiène … les jeunes sont en outre impliqués dans la sécurisation des couloirs. Actuellement, on a constaté qu’il y a beaucoup de difficultés dans la mobilité du bétail. Pour y faire face, des partenaires techniques et financiers nous appuient à travers des projets pour pouvoir sécuriser ces couloirs. C’est avec les jeunes que nous menons ces diverses actions. Nous travaillons en ce sens avec les jeunes bouviers pour qu’ils connaissent les couloirs de transhumance, qu’ils sachent où il faut passer, où il ne faut pas passer, qu’ils reconnaissent les points d’eau, les zones de pâturage. Tout ceci entre bien évidemment dans la mise en œuvre du Plan National de Développement.
Que faites-vous Monsieur le Président pour une transhumance apaisée dans notre pays ?
Alassane ALIDOU : Il faut d’abord préciser que notre organisation est membre du Comité National de Transhumance, nous travaillons donc en étroite collaboration. Nos membres à l’intérieur du pays sont membres des comités préfectoraux, des comités cantonaux. Nous sommes donc fortement impliqués dans la mobilité du bétail et à la recherche des solutions d’apaisement. Aujourd’hui je crois que les mentalités changent avec le travail de terrain que nous faisons à travers les sensibilisations, avec les interventions que nos membres font quand il y a des dégâts pour aller négocier avec les agriculteurs, avec les compensations et tout le travail que nous faisons pour amener la paix et la coexistence pacifique entre agriculteurs et éleveurs. Avec les marchés et les couloirs de transhumance qu’on est en train de faire, avec les CVD, les chefs de village, les propriétaires terriens, tout ce travail fait que la mentalité des différents acteurs change. Il faut aussi souligner que ce qui pose souvent le problème, c’est le manque de communication entre les agriculteurs et la majorité des bouviers. Mais tout s’arrange maintenant parce que dès qu’ils arrivent, il y a des leaders qui les orientent pour faire avancer les choses et faciliter les contacts entre eux et les populations.
Votre mot de fin, Monsieur le Président
Alassane ALIDOU : Mon mot de fin c’est une prière pour deux choses. Premièrement, la paix pour notre pays, c’est très important. Je crois que notre pays est un exemple dans la sous-région. Il faut se déplacer pour être convaincu. Tout récemment, j’ai effectué un voyage au Burkina Faso, franchement ce n’était pas du tout facile, j’ai compris que vraiment, nous Togolais, nous avons beaucoup de chance. Secundo, ce que je vais souhaiter pour notre pays, c’est ce développement qui est enclenché ; nous souhaitons que Dieu donne toujours la possibilité pour que ça continue. Nous, acteurs de la filière bétail-viande, on est très mobilisé pour accompagner le gouvernement dans tout ce qu’il entreprend.